Pour un homme, combattre se résumait souvent à préparer son corps pour la guerre, ou bien à l’asservir aux travaux rustiques. La religion donnait du sens et un cadre à ces combats. Depuis la fin de l’ère guerrière puis de l’ère agricole, le combat a changé de nature. Il est plus intérieur, plus individuel. Il a favorisé la réémergence d’un pouvoir féminin, plus à l’aise avec la gestion des sentiments. Quant au cadre religieux, il est à la traîne. Mais comment ne serait-ce pas le cas puisqu’il doit réagir à de nouvelles situations ?
L’homme ouvre au monde. La femme ouvre aux sentiments. La santé mentale permet de gérer son propre état, et son rapport à l’autre sexe, voire son rapport aux institutions sociales ou à Dieu. Sans une bonne santé mentale, difficile de combattre efficacement dans cette société du tertiaire.
Pour l’homme, la marche est plus haute à franchir, car s’il a les bons réflexes sociaux pour faire prospérer le monde, il n’est pas toujours armé pour répondre à ce qui sort de la gestion de l’intérêt général. Avec le tertiaire, l’intérêt particulier et sentimental prospère jusqu’à parfois, parasiter la société. Dans des forteresses sociales riches construites en opposition à d’autres groupes tout aussi riches, chacun peut se permettre de s’extraire de la collectivité pour y faire régner son petit ordre despotique. C’était plus difficile lorsque la sanction à l’inefficacité, c’était la mort ou la famine.
Le monde est donc devenu plus complexe, plus instable et plus difficile aussi. Il prend parfois des tournures totalitaires permises par la technologie. Les individus ont eu du mal à s’y adapter. Beaucoup sont en mauvaise santé mentale, les hommes parce qu’ils ne trouvent plus leur place dans ce monde, et pire encore pour les femmes qui ne trouvent plus leur place dans leur famille. Tout semble devoir s’inverser. Les femmes gouvernent le monde pour leur plus grand malheur et le nôtre. Les hommes sont appelés à s’occuper plus de leur famille, à materner, alors que ce travail ne les fait pas grandir. Au milieu d’un tel micmac, les enfants sont perdus. A cause de cette situation et d’autres problèmes aussi, la santé mentale décline, jusqu’à permettre la maladie mentale.
La maladie mentale survient suite à des intoxications alimentaires, à des infections prospères à cause de particularités génétiques et/ou un environnement toxique. Quand je parle d’environnement, je parle d’environnement au sens large, incluant l’environnement naturel et psychique de la personne. Par exemple, une famille a la capacité d’être toxique psychiquement, jusqu’à provoquer un affaiblissement des barrières immunitaires du corps, qui autorise une infection puis une démence ou une dépression. La maladie mentale est une grande boucle vicieuse, où la faiblesse de chaque maillon entraîne la faiblesse des autres, pas toujours dans le même ordre. La médecine actuelle occidentale n’est pas du tout organisée actuellement pour répondre à un tel mécanisme systémique. Elle soigne chacun des maillons en espérant renforcer la chaîne. Cette rustine fonctionne dans les cas courant, pas dans les cas extrêmes. Voilà pourquoi ses résultats sont encore pauvres en matière de soins psychiatriques. Certains psychiatres ont pourtant perçu le problème, et ils introduisent de l’art thérapie, par exemple, pour essayer de sortir de cette boucle vicieuse. Ce monde est entièrement à repenser, par des hommes qui seront capables d’avoir des vues très générales sur leur métier, autant biologiques, que psychiques, que sociales, qu’immunitaires, que psychologiques ou autres.
La maladie mentale, c’est encore l’inadéquation avec la société. Le pervers se sent très bien psychiquement parlant. Il n’en reste pas moins qu’il trouble l’ordre public et menace la survie du corps social. Voilà pourquoi il est défini comme un malade alors qu’il ne l’est pas au sens strict du terme.
La maladie mentale, c’est enfin le désordre spirituel. Le spirituel définit des notions de bien et de mal avec plus ou moins de cohérence. C’est une conception nouvelle de la santé introduite par le christianisme et qui se distingue du cadre social. Il peut y avoir le Vrai en dehors de la vérité sociale, ou même rituelle. Si des individus se mettent à faire le mal en respectant le cadre social, le christianisme estime que ces individus sont malades et doivent se convertir. Le soin n’est ni seulement une question psychique, ni une question uniquement génétique, ou infectieuse, mais aussi spirituelle. Pour prendre un exemple plus concret, en tant que catholiques, nous estimons que les Incas qui sacrifiaient des humains doivent être rangés dans la catégorie « malades », ce que nous qualifions en interne de « comportements maléfiques ». Une société peut cultiver moult pratiques maléfiques en son sein : obliger les personnes à se vacciner alors qu’elles pourront en mourir, à cause d’effets secondaires connus, et au nom d’un bien être collectif sacrificiel, est un comportement maléfique, même si ce sacrifice respecte les croyances sociales.
Ainsi le mal prend des formes variées qu’il faut sans cesse traquer, au sein d’habitudes prises qui peuvent concerner une majorité dans la société. Ici, l’inadéquation avec la société, est possiblement synonyme de santé mentale. La complexité grandit car vous n’avez pas à accepter de force d’être sacrifiés individuellement pour permettre la soit-disant survie du groupe. Evidemment, cet affrontement affaiblit votre psychisme, et il faut avoir recours à Dieu pour l’assumer pleinement. Voilà donc une première piste pour améliorer votre santé mentale.
Car soigner la maladie, c’est déjà un échec de la bonne santé. Il faut cultiver cette bonne santé pour éviter, autant que possible, de tomber malade.
L’alimentation saine est une évidence, depuis toujours. Les anciens, même parfois les animaux, savent qu’il faut bien se nourrir, dans des quantités appropriées et en qualité. Les intestins sont le siège des humeurs bactériennes. Sans une bonne nourriture, vous pouvez littéralement devenir fous. L’introduction de produits chimiques pour améliorer les quantités et la qualité de la nourriture a eu bien des effets secondaires néfastes. Tout nouveau tout beau. Désormais, ces produits qui ne sont plus très nouveaux, commencent à être relativisés dans leur utilisation. C’est un très bonne chose. Il en sera de même pour le téléphone portable ou l’IA. Jusqu’à preuve du contraire, les Amishs ont bien mieux survécu sans toutes ces nouveautés, ou en s’interrogeant sur les limites qu’ils devaient leur donner.
La guerre et l’agriculture, l’exercice physique plus généralement, sont un gage de bonne santé, même mental, comme l’alimentation saine. Même si la société agricole et guerrière ont disparu, nous n’en sommes pas moins programmés génétiquement pour effectuer des travaux agricoles et guerriers. Notre corps d’hommes se sent mieux après avoir combattu, ou après avoir cultivé la terre. Bien des personnes soignent leur dépression ainsi. Mettre la main dans la terre, enrichit également notre flore bactérienne, pour peu que la terre que nous touchons soit saine et considérée avec affection.
Le soutien familial est aussi très important pour être en bonne santé, voire pour s’insérer à profit dans la société. Ceux qui veulent jouer les apprentis sorciers avec la famille, ont parfois sapé l’édifice qu’ils entendaient corriger. La lutte contre le patriarcat fait partie de ces chimères. Une mère obnubilée par ses enfants, et des enfants par leur mère, ne peuvent pas évoluer psychiquement. Il leur faut absolument un père en surplomb, quand bien même ce père serait un handicapé sentimental comme nous le sommes tous en tant qu’hommes. Le reste n’est que béquilles. Parfois, il faut couper les liens avec sa famille lorsqu’ils sont toxiques et qu’ils vous renvoient perpétuellement une image dégradante et fausse.
Le rêve permet la santé psychique également. Le rêve permet d’évacuer les tensions entre ce que nous devons faire et ce qui nous en empêche. Nous refoulons dans le rêve, ce que nous ne voulons pas dans notre vie. Voilà pourquoi la psychanalyse a eu de pauvres résultats pour le soin des malades. Elle a considéré que le rêve était l’expression d’une pulsion. Or le rêve est l’expression d’une conscience refoulée, la plupart du temps, à juste titre. Seuls les grands malades ne rêvent pas d’interdits parce qu’ils refoulent le bien. Pour les autres, fouiller dans ses rêves, c’est fouiller dans ce qu’ils ne veulent pas voir se reproduire. C’est souvent remuer la merde et en sortir sali. Le rêve est le déchet de la conscience, il n’est pas l’expression d’un inconscient tout puissant, sauf à ériger la maladie au rang de soin. D’où les résultats mitigés de la psychanalyse selon comment le soignant a utilisé son outil de travail. A l’inverse, les théories comportementalistes qui réduisent l’humain à un animal, ont eu parfois de bons résultats. Car ces dernières méthodes permettent de remettre à flot la conscience d’un individu qui peut alors en revenir à une réflexion saine par ses propres moyens.
Durant son séjour à l’hôpital, où la nourriture lui était interdite pour son bien, un de mes oncles rêvait de poulets rôtis qu’il pouvait attraper et manger. Il savait qu’il ne devait pas donner libre cours à son envie de nourriture. Ce bon vivant était en difficulté et il refoulait son mauvais penchant ainsi. A l’inverse, sa fille dans la même situation, n’arrivait pas à attraper les poulets. Elle gérait ainsi son angoisse face au manque. L’absence de nourriture pour sa psyché de boulimique, devenait le problème à régler. Elle n’était pas dans la situation d’accepter une privation synonyme d’insécurité pour elle, contradiction/incohérence issue d’un trauma passé. Deux situations identiques, deux manières d’ordonner la volonté consciente, selon leur caractère, mais un désir similaire de progrès à travers le refoulement. Voilà encore pourquoi certains malades ne supportent pas la psychanalyse quand elle les renvoie à leurs angoisses, leurs peurs, au lieu de leur donner les moyens de les gérer par une médiation. Le malade, renvoyé à lui-même n’a généralement pas les moyens psychiques, de se guérir, raison pour laquelle d’ailleurs, il a eu la volonté de se soigner. Il tourne en rond dans sa maladie.
Lorsque le désir de refouler est trop fort, il prend la forme d’un cauchemar. On s’en rappelle malgré soi. La psychanalyse ne devrait jamais agir pour exacerber le rêve jusqu’à lui donner les traits d’un cauchemar. Au contraire, devrait-elle soutenir la conscience, en parlant avec tact mais en vérité, pour repousser le cauchemar dans l’aire du rêve.
Le songe est à l’opposé du rêve. Il est l’accueil d’une volonté spirituelle ou divine de progrès. Il doit être pris au premier degré, étudié symboliquement, contrairement au rêve qui n’est que le déchet d’un désir d’évolution chez les êtres sains.
Pour être en bonne santé en toutes circonstances, il faut donc avoir recours à Dieu. Tous les militants qui veulent singer le christianisme finissent par s’épuiser psychiquement, tandis que les missionnaires eux, ont conquis la terre sans grandes difficultés. Je ne veux pas dire par là que les croyants ne souffrent pas. D’une certain point de vue, ils souffrent plus que les autres, mais cette souffrance ne les arrête pas, et dans certains cas, les fait avancer.
Un homme qui cherche la force en vient forcément au christianisme puis à l’Église catholique. Jusqu’à ce jour, notre culte est le plus cohérent de tous, ceci malgré ses faiblesses. Sir Newman avant de devenir saint, ce très grand intellectuel, a eu beau s’opposer à l’Église, il a fini par être vaincu par sa cohérence. Ceux qui cherchent finissent par entrer dans l’Église. Ceux qui veulent devenir forts aussi, malgré ses faiblesses humaines et théologiques.
Comment résister dans un monde pollué, où le travail n’est plus productif, où les liens sociaux et familiaux se sont détériorés, si ce n’est grâce à la Foi ?
Redevenir un animal païen ? Quelle régression. Accepter la décadence ? Quelle médiocrité. Lutter pour l’environnement, pour la famille, pour la société, chacun dans son coin et à l’exclusion de toutes les autres luttes ? Quelle erreur stratégique. L’écologie doit être intégrale. Et elle ne l’est que si elle vient de Dieu. La lutte sociale doit ménager les riches et les pauvres, et seule la vie en Eglise le permet. La famille doit être féconde, non pas fertile, mais féconde, et seule la famille catholique permet de gérer l’intégration sociale et l’abnégation familiale. Les Amishs aussi respectables qu’ils soient, ne sont qu’une tribu au milieu de notre modernité. Ils n’apportent rien à la civilisation. Ils font mieux que nos contemporains certes. Mais ils ne peuvent nous servir de ligne de mire en tant qu’hommes ambitieux.
La bonne santé mentale se conquiert par le combat, un combat plus terrible que jamais puisqu’elle ne nous est plus donnée en héritage. Elle est un combat pour la vie. Dans cette société du superflus, nous devons nous contenir. En ces temps de dépression, nous devons retrouver la joie. Au milieu de la pollution, nous devons créer des espaces beaux et sains, vivables aussi, où l’on puisse circuler facilement. Alors que la famille dépérit, perméable au tout sexuel, à l’égocentrisme, nous devons édifier de nouvelles familles plus fortes que jamais, plus aimantes et aussi solides que possible, qui permettront l’aventure. Désormais, nous sommes reclus à nos petites vies par faiblesse. Cette bonne santé mentale est un préalable à la force qui doit suivre, et qui se défiera du confort menteur.
A sparte, Lycurgue a établi des règles de privation, qui ont fait la fortune de la cité durant des siècles. Lisandre y mettra un terme en alimentant le trésor public. L’argent doit être un moyen, jamais une fin. C’est bête de le dire comme ça, cependant, à part quelques prêtres autour de moi, je ne vois personne vivre ainsi. Ils conservent une flamme à laquelle nous devrons rallumer la nôtre. Nous nous sommes amollis. L’autonomie, la bonne santé mentale, l’effort religieux sont des moyens de sortir de ce piège civilisationnel.


J'y t'envoie une lettrinfo par saison
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