Il faudrait raconter cette histoire à toutes les petites filles, si elle ne se terminait pas si mal. Malheureusement les enfants ont besoin de belles histoires qui se terminent bien. Et celle-ci ne peut pas être racontée à n’importe qui car de celle-ci, le bien est presque totalement absent. La réalité va toujours au-delà de nos fictions. Et devenir adulte est la moindre des conditions pour pouvoir entendre et comprendre ce genre de récit. Petites encore, il faudra se contenter de conter à nos filles, au pire, l’histoire de barbe bleue. A l’adolescence, nous pourrons peut-être leur glisser quelques anecdotes sur les filles qui se comportent mal, sur celles qui ayant abusé de leurs compagnons, et n’ayant pas respecté l’institution du mariage, ont connu une triste fin. En accomplissant ce devoir, nous pourrons peut-être empêcher certaines de gâcher leur vie… et celle des autres. Et pour aller plus loin, quand l’occasion se présentera, peut-être pourrons-nous aborder avec elles l’histoire de Bérenger Brouns et de Christelle Leroy :
Bérenger Brouns, boucher du 10ème à Paris, gagne bien sa vie. Il est marié, a eu deux enfants avec sa femme et file le parfait bonheur. Mais rien n’est jamais acquis à l’homme ni sa force, ni son argent. A son âge, Bérenger devrait le savoir. Pourtant il lui faudra rencontrer Christelle Leroy pour qu’il en prenne pleinement conscience.
Christelle Leroy a 15 ans de moins que lui et tout l’éclat de sa jeunesse, malgré une première maternité (ou peut-être à cause de celle-ci). Très instable, elle ne cesse de passer d’hommes en hommes. Au cours d’une de ses nombreuses relations, elle finit par se faire engrosser. Cela ne l’empêche pas de quitter également le père de son enfant. Tous ceux qui suivent n’ont pas plus de chance avec elle. Avant Bérenger, elle passe déjà sa vie à jouer avec les hommes qu’elle rencontre, à vivre auprès de pères de substitution qu’elle manipule. Dès qu’elle se lasse de jouer, et sans égard pour son enfant, elle se sépare d’eux brutalement pour aller compter fleurettes ailleurs.
Cette fois, elle a jeté son dévolu sur Bérenger Brouns. Celui-ci a la stature et la force brutale de son métier. Il l’a engagée à la boucherie parce qu’elle lui plaisait. Face à cette situation ambiguë entre un patron et une ouvrière qui s’attirent mutuellement, les deux amants cèdent très vite à leurs pulsions.
Dans les débuts, Bérenger est flatté d’avoir pu conquérir une femme si jeune. En plus de valoriser son égo, Christelle sait y faire. Elle sait le rendre fou en lui donnant de l’affection puis en la lui retirant, en lui donnant une attention particulière puis en suscitant sa jalousie auprès d’un autre. Bérenger ne connaît rien à ce petit jeu. Il ne connaît que les caresses et les pratiques d’une femme honnête, sa femme. Cette façon de faire le plonge très vite dans une dépendance affective totale, ou presque. Il en parle à sa femme et avoue son impuissance face à Christelle. Cette dernière sait très bien que la petite ne restera pas longtemps. Elle, elle sera là pour recoller les morceaux quand le mal aura été fait.
Mais c’est là que la bât blesse. Christelle ne veut pas se contenter d’être une autre fille de passage. Elle veut croire encore qu’elle est la petite sainte fidèle qui cherche honnêtement l’amour, quitte à avorter d’un enfant qui n’a pas gagné sa place dans ce schéma. Le statut de maîtresse ne lui suffit pas, il lui faut régner sans conteste sur la relation, et dominer cet homme jusqu’à ce qu’il quitte sa femme, quelles qu’en soient les conséquences. Bérenger, lui, veut bien pourrir sa maîtresse de cadeaux, lui louer un appartement, mais il ne veut pas abandonner sa famille. Cette ultime résistance rend folle Christelle. Elle ne le quittera pas avant qu’il n’ait tout donné, comme les autres. De plus en plus, elle met la pression sur Bérenger : il doit quitter sa femme ou elle le quitte ! Un dernier reste de lucidité retient Bérenger. Au fond de lui, il sait très bien qu’elle ne le rendra pas heureux. Cette relation maladive ne lui fait pas oublier ses obligations. Au contraire, plus il s’enfonce dans cet imbroglio, plus Christelle lui fait comprendre qu’elle ne sera jamais la femme de sa vie, que cette fille-mère n’a que la dignité d’une maîtresse. Il l’a désire follement, mais autrement, comme un signe d’accomplissement, et cela, elle ne l’acceptera jamais. Elle veut encore croire qu’on peut tout faire, tout obtenir en dépit du bon sens, tout recommencer comme vierge de toute expérience et de tout passé, puis tout abandonner. Elle veut encore croire qu’on peut donner un énième mauvais exemple à son fils sans que cela ne porte à conséquences, en lui faisant croiser des inconnus qui ne pourront jamais devenir ni père pour lui, ni mari pour elle, et profiter de l’avidité et de la bêtise sexuelle de quelques passants pour les jeter pieds et poings liés quand ils lui ont tout donné. Et cette fois, elle est probablement prête à lui faire un enfant dans le dos.
Pour bien rabaisser son compagnon, pour bien lui faire comprendre qu’il n’est qu’un vil baiseur, pour bien lui montrer ce qu’il ne peut admettre : qu’elle maîtrise toutes les cartes du jeu, qu’elle lui est bien supérieure, pour le remettre à sa place d’impuissant émotionnel, pour regagner sa stature de maîtresse dominatrice à qui on ne doit rien refuser, et bien lui faire sentir qu’elle a tout pouvoir pour le saigner à blanc, elle va le gifler. Ce sera la dernière fois qu’elle humiliera ce gros impulsif deux fois plus lourd qu’elle. Elle a franchi la ligne jaune, mais elle ne le sait pas encore.
Elle ne le comprendra pas tout à fait en le voyant s’approcher, ni en fixant son regard devenu libre de toute retenue, mais quand elle sentira ses gros doigts se serrer autour de sa gorge et l’étrangler méthodiquement, à ce moment précis, elle saura. Par équité, elle ne verra pas son fils se faire étrangler par le boucher du 10ème, elle ne le verra pas se faire désosser, ni se faire découper avec des couteaux qu’il maîtrise si bien… le châtiment était déjà bien dur. Comme son enfant, elle finira dans des cartons dispersés au hasard dans quelques poubelles de Paris, la tête dans un seau coulée dans du ciment. Très peu de temps après, pour se soulager, le boucher avouera son crime. Il sera condamné à 30 ans de prison sans peine de sûreté. De tous les côtés, la morale aura fait, implacablement, son oeuvre.
FIN.
Références :
(vous noterez dans cet article toutes les « imprécisions » sexistes qui présentent Bérenger Brouns comme cause unique du dysfonctionnement de ce couple. Ici, la vérité est rétablie par de nombreux témoignages de proches de l’affaire :
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