La maladie mentale sur les réseaux sociaux

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«Je suis une alter persécutrice du système LUNE ». Voilà comment cette jeune fille se présente. Se présente. Je vais déjà trop loin, car elle ne se présente pas. Elle se décompose en plusieurs entités qu’elle décrit à tour de rôle, dans ses vidéos, comme autant de personnages qu’elle tente d’animer. Chaque présentation nouvelle contribue à éparpiller les différentes facettes de sa personnalité en plusieurs vécus autonomes. Mais ces vécus autonomes, qui prennent le contrôle à tour de rôle selon les situations qu’elle rencontre, elle leur donne aussi vie en se filmant. Ambiguïté de l’affichage sur les réseaux sociaux.

Ici, la vidéo donne une impression de malaise. A ce point que personne dans les commentaires ne s’explique cette phrase lunaire. Tout le monde se moque. Quelques uns s’interrogent, sans toutefois vouloir aller plus loin. Cette fille nous dérange. Elle est folle, à cause de ses parents, à cause de notre société, et chercher à en dire plus, ce serait rentrer dans sa folie et risquer de s’y perdre.

Je ne dis pas que je la supporterais au quotidien (y-a-t-il des personnes qui le peuvent?), mais je crois pouvoir dire que je suis devenu bien assez assis psychologiquement parlant pour chercher à comprendre. Et comme je n’ai pas trouvé de réponse à cette simple question : que voulait dire cette phrase ? J’ai voulu aller plus loin.

Par rapport à mon expérience personnelle, j’ai envie de parler des malades psychiatriques, comme de personnalités divergentes, c’est à dire incapables de se réparer et qui iraient, malgré les béquilles qu’ils se donnent, de souffrances en souffrances, de plus en plus grandes, eux et leur entourage. Il n’y a pas de place pour la stabilité dans la vie. Soit nous nous améliorons, soit nous chutons. Les alternances peuvent faire croire à une sorte d’équilibre, mais il n’en est rien.

Ici, j’ai fini par tomber sur « Trouble dissociatif de l’identité » (TDI). Vous trouverez une belle illustration de cet « état » dans le film « Split ». Ces personnes se construisent des identités multiples (alters) pour survivre psychiquement à un trauma. Cette conviction est si forte que les analyses médicales de cette personne pourraient diverger. Certaines de ces identités seraient des aides. D’autres des handicaps qui enfonceraient la personne (persécuteurs). «Je suis une alter persécutrice du système LUNE » signifie donc en bon Français : « Je vous présente l’identité (qu’elle nomme ici Rubellite) qui persécute mon système d’identités général, système général personnel qui s’appelle Lune » .

Vous me direz que ces identités ne peuvent enfoncer « la personne », puisqu’il n’y a pas de « personne » à proprement parler, mais plusieurs entités de personnalités. Disons plutôt que ce narratif cherche sa cohérence et que, comme il est le propre d’une démarche incohérente, il se perd en paradoxes.

En la matière, ces jeunes, comme beaucoup de jeunes de milieux populaires en ce moment, se tatouent, ou se percent la peau, phénomène très étonnant puisqu’il va falloir que toutes les personnalités différentes d’une même entité, acceptent ce même signe, incrusté dans le corps.

Pas mal d’internautes accusent ainsi ces malades qui s’exposent, d’être des usurpatrices, accusation faite peut-être aussi pour échapper à cette souffrance palpable chez elles. Elles voudraient attirer l’attention pour faire le buzz. Espérons que ce soit le cas et qu’elles sachent encore distinguer le faux du vrai. Dans le cas contraire, voici des personnes qui se sont inventées des identités distinctes pour survivre psychiquement aux souffrance inhérentes à la vie. Qu’elles veuillent faire le buzz et/ou échapper à leurs souffrances/à un trauma, elles trichent donc, ce sont bien des usurpatrices, mais qui peuvent s’être persuadées que leur vécu sensible, n’était plus unitaire. 

Autre paradoxe, lié à la souffrance qui peut faire grandir ou qui peut faire régresser, dénoncer leur délire, c’est les exposer à la souffrance d’une réalité qu’elles ont du mal à accepter, et donc faire leur malheur. Mais aussi, dénoncer leur exposition dans les médias sociaux revient à les priver d’un moyen qui les valorise et qui pourrait leur donner la force d’accepter la réalité, si un jour elles pouvaient se priver de cette attention… Enfin les diagnostics médicaux dont elles se gargarisent, pour prouver aux internautes qu’elles ne mentent pas, semblent eux-aussi participer à ce paradoxe, puisque s’ils reconnaissent la souffrance, ils valident et donc cautionnent le délire. En tout cas, voilà comment ces malades l’entendent. Elles doivent être diagnostiquées pour pouvoir être soignées. Mais lorsqu’elles ont le diagnostic, la réalité de leurs personnalités multiples devient évidente pour elles. Or en cautionnant le délire, en lui donnant une sorte d’étiquette, un vernis de réel, il est à penser que le délire va se renforcer. En somme, pour le divergent, les aides qu’il peut rencontrer, sont vécues comme autant de souffrances sans horizon qui vont justifier et encourager sa divergence. Il salit tout. 

Sur ce point, les malades dont j’ai consultés les vidéos se « dissociaient » de plus en plus en personnalités multiples, preuve en est que leur exposition médiatique n’a pas été très positive. Pour celles là, il aurait mieux valu les enjoindre à revenir sur terre. Les commentaires méchants s’y essayent, sans toutefois donner de résultats probants. Les malades n’en retiennent que la méchanceté, qui justifie d’autant plus leur délire. A l’inverse, sont-ils for aise d’être confortés par toute une société décadente qui glorifie les identités multiples. Les homosexualistes en arguant de tolérance pour toutes les catégories d’identités sexuelles qu’ils ont créées de toute pièce, n’avaient certainement pas anticipé qu’une seule et même personne pourrait endosser plusieurs de ces identités en même temps. Mais nous y sommes. La désagrégation a généré là encore, plus de désagrégation sociale/individuelle (comme au niveau culturel avec le multi-culturalisme).

Car si des malades ont toujours eu l’impression d’être plusieurs dans leur tête, jamais la société n’avait favorisé une telle prolifération. A mesure que l’identité personnelle de l’individu se désagrège, les identités restreintes se multiplient. L’individu à personnalité complexe, avec un certain caractère, capable de s’opposer au discours social, a mué en identitaire de la sexualité, bi, trans, gay, lesbien etc… soutenu par la société, au nom de la tolérance envers les différences. Et désormais, il devient enfant, adulte, sexué, non sexué, négatif, positif, alternativement ou en même temps, selon le désordre psychologique. Dans le cas du trouble dissociatif de l’identité, le désir de grandir, empêché par le discours ambiant fragile, par la personnalité divergente, par le trauma, prend des chemins de traverse d’autant plus monstrueux. La névrose mue et prend le contrôle. La société qui vit de ce genre de délire publicitaire n’a pas les moyens de s’y opposer (« on peut tout, on peut être tout, vous n’avez plus besoin de vous référer à un être supérieur »).

 

« Mon alter me veut du mal »

 

Or comme avec les homosexualistes, ce jeu de multiplication, érode la complexité de l’être en croyant l’exalter. Dans ses différentes phases délirantes, le divergent identitaire devient la caricature d’un autre, dont il singe la personnalité après avoir vu un film, un dessin animé, joué à un jeu vidéo. Il n’accède jamais à une unité complexe, mais se décompose en petites unités simples, finalement restreintes, caricaturales. Et notre société n’y voit pas le mal.

Pour le résumer un peu crûment et faire avancer mon propos : des personnes qui débattent d’idées, comme moi, ou comme les nationaux socialistes du rassemblement national, sont psychiatrisées, censurées et interdites d’expression publique. A l’inverse, des personnes reconnues malades par la psychiatrie, peuvent s’exprimer librement sur les réseaux sociaux et même rendre glamour la maladie.

L’inceste ou la zoophilie sont tolérés dans notre société parce qu’ils sont l’expression d’un sentiment personnel (protégé par les femmes) qui ne doit pas subir de jugement. L’argumentation n’est pas pleinement autorisée parce qu’elle pourrait blesser les sensibilités de chacun (protégées par les femmes).

Pourtant à l’évidence, l’argumentation participe à faire grandir l’intelligence individuelle et collective. Elle est à la base de l’évolution sociale et n’a rien à voir, dans sa logique, avec le monde affectif. La société ne serait-elle pas un peu malade en ce moment en inversant ses priorités ? Car qu’est-ce qu’une société qui s’occupe de protéger les sentiments si ce n’est une société malade où les valeurs féminines règnent sur le monde de la politique.

Individuellement, le spectacle de la maladie nous offre la possibilité de nous croire meilleurs, lorsque nous faisons preuve d’empathie, ou lorsque nous nous moquons du faible. Voilà encore pourquoi la société féminisée le laisse prospérer. Ce théâtre donne bonne conscience à bon compte, à des individus qui s’enfoncent dans leur fange.

Dans l’idéal, personne dans une société saine ne devrait s’intéresser à ce genre de vidéos. Mais « dans l’idéal » n’existe pas. Je pense donc que des personnes en état de faillite psychique évidente, qui affirment elles-mêmes être malades et se vantent de leur diagnostic médical en public sans chercher à se soigner, sans permettre à d’autres de s’en sortir, au contraire, devraient être impitoyablement censurées. Sinon, c’est laisser prospérer la maladie et provoquer une réaction de haine forte de la part des personnes encore saines, haine qui se justifie d’ailleurs, pour mettre des barrières psychiques individuelles qu’une société se refuse d’ériger collectivement. Papa n’est pas là pour tout autoriser, mais pour censurer selon les valeurs auxquelles il adhère, en toute logique. Ce n’est pas fasciste d’agir ainsi, mais très sain. 

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