Beaucoup d’hommes ont tendance à reprocher aux femmes ce qu’elles sont, et en premier lieu d’être incompréhensibles. Or c’est bien souvent parce qu’ils n’arrivent pas à les comprendre qu’ils les aiment. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir de nombreuses femmes adopter des comportements excentriques au possible, pour répondre à cette attente.
Pris entre le désir de retrouver sa mère et celui de se tourner vers une personne alterne, l’homme aime se sentir perdu auprès d’une femme qui lui est pourtant familière. Quel jeu de hasard que celui de la rencontre amoureuse, une loterie des coeurs et des passés.
Face à tant d’incertitudes, toutes les sociétés de la terre finissent par coder la rencontre, et l’institutionnalisent pour donner un cadre à l’anarchie amoureuse. Le mariage catholique est l’aboutissement ultime de cette recherche. Rien de plus élevé. L’effondrement actuel de cette institution est un des nombreux marqueurs de notre décadence. Nous crevons la gueule ouverte au milieu de nos richesses et de notre orgueil. Les hommes de nos sociétés veulent l’individualisme. Les femmes l’indépendance. Ces mouvements les broient sans qu’ils ne puissent s’en défendre car par un long processus de délire collectif, ils se sont départis de l’humilité seule qui aurait pu les rendre heureux.
Pour ceux qui toutefois réussiraient à s’extraire de ce mouvement, il reste de nombreuses difficultés. Notamment réussir à comprendre leur compagne. Au-delà du petit jeu ridicule qui se nomme séduction, il nous faut voir les femmes telles qu’elles sont. Que sont-ce donc ces femmes si mystérieuses pour les hommes ? Comment répondent-elles à notre désir ? Qu’est-ce qui suscite chez elles du désir ?
Dans un autre article, je m’étais penché sur le désir des femmes en matière de compagnonnage. Je voudrais aujourd’hui décrire ce qui les anime à travers les concepts de « rose » et de « pot au feu ».
Le pot au feu
Outre qu’une femme s’adapte au comportement d’un homme, le laisse venir, attend de lui sa virilité, et que dès lors, il est très difficile de prédire quelle sera son attitude puisque celle-ci dépend d’un autre, et qu’elle réagit en conséquence, elle est souvent animée par des sentiments bien contradictoires qui se surajoutent à son désir de séduire par ses excentricités, et qui vont perdre les hommes qui essaieront de la cerner.
Déjà des auteurs grecs se moquaient d’elles. Un François 1er au 16ème siècle, surnommé le galant vert, mué par ses appétits sexuels, malgré ses nombreuses conquêtes, faisait graver sur la pierre de son château, comme dans du marbre et pour toute épitaphe « Souvent femme varie, bien fol qui s’y fie ». Des molières n’en ont pas moins été acides avec la gent féminine. Plus récemment, un Otto Weininger a sommé une charge définitive contre les femmes, leur conseillant de devenir des hommes. Pour résumer tous ces avis convergents, la phrase de Roland Dorgelès me semble la plus synthétique :
«La femme rend lâche. C’est elle qui conseille au gréviste de rentrer à l’usine, à l’artiste de faire du commerce, au soldat de plier le dos. Parce qu’elle ne pense qu’à la pâtée, qu’elle a un pot-au-feu dans le coeur. »
De l’avis général, la femme aurait donc un pot au feu à la place du coeur. Elle ne réfléchirait qu’en termes de sécurité personnelle. Vénale, elle abaisserait l’homme. Voilà ce qui permettrait d’anticiper sur ses réactions.
Si tout cela est vrai, il n’en reste pas moins qu’une femme ne réagit pas qu’à son strict appétit. Sinon, il serait difficile de comprendre ses sautes d’humeur. Quand elle n’a pas l’ambition de diriger le monde, il lui est arrivé d’inspirer de nobles comportements aux hommes, et même de les élever. Voilà ce qui nous perd. Car si la femme a un pot au feu à la place du coeur, il y sommeille aussi une rose en même temps.
La rose
La femme sentimentale qui tombe éperdument amoureuse, qui agit sur un coup de folie, un coup de génie, qui sent de manière instinctive l’autre, qui donnerait sa vie pour ses proches, qui abat les volontés quand un désir surgit en elle (ce que femme veut, Dieu le veut), qui incarne le beau, la candeur, la vie même, une Sainte Thérèse de Lisieux bonne en tout, savante dans sa foi, intelligente dans ses émotions, oui tout cela existe, et même plus.
Si les auteurs se sont moqués des femmes, ils les ont aussi remerciées des millions de fois de les avoir éveillés et fait grandir.
La délicate évolution de la rose et du pot au feu chez la femelle humaine
Jeune fille non réglée, elle est entièrement rose rose. Elle apprend à intégrer l’exemple du rouge et du blanc de ses parents. A la puberté, la rose se teinte progressivement du blanc au rouge, jusqu’à devenir écarlate autour de 16-17 ans dans notre société actuelle. Elle est alors mue par son instinct sexuel. Dès lors, la rose va progressivement laisser place au pot au feu. Autour de 24 ans, la fille a atteint son maximum en terme de lucidité, jusqu’à ce qu’elle trouve un mari. A 28 ans, en général, c’est fait. Au maximum 30-35 ans dans les grandes villes. Dès lors, la rose va réapparaître teintée de blanc immaculé. Sa descendance assurée, à 40 ans généralement, la femme va retrouver la naïveté d’une jeune fille en début de puberté, et croire enfin à l’amour, le vrai. Avant, elle aura pu mâtiner son pot au feu de quelques aventures extra-conjugale, mais cela n’aura été que pure volonté d’enrichissement de son patrimoine génétique. Quant à la suite, il est inutile de l’étudier, car la femme n’étant plus féconde, et pour paraphraser le général de Gaulle, il ne s’agit là que de bagatelle.
Une coexistence assumée entre pot au feu et rose
Un autre que moi a écrit que le coeur des femmes françaises allait au vaincu et leur cul au vainqueur, ce qu’un Allemand m’a bien confirmé avec une sorte de nostalgie rêveuse à moitié revancharde, 70 ans après (ah l’entêtement…). Mais je ne crois pas que ce soit une spécialité bien française bien que la réputation de nos femmes ait largement dépassé les frontières allemandes, pour conquérir le monde.
Nous le savons, nous le voyons, nous les fréquentons, nous connaissons aussi leur histoire, leurs jubilations tout juste cachées, leur cyclothymie puisqu’il nous arrive de la subir et plus rarement de nous en délecter. Et en cela, les femmes resteront les femmes. Les Françaises sont seulement en avance sur leur temps. Sachons réagir en tant qu’hommes et apprenons à dompter la bête.
Le pot au feu et la rose coexistent donc chez la femme, ce qui a le don de troubler les hommes. Jeunes, ils ne veulent voir que la rose, et sont bien déçus de tomber sur le pot au feu. Mariés, ils ne voient plus que le pot au feu, et ne savent plus parler à la rose. La relation se délite.
Du côté de la femme il en est tout autrement.
Au début, la femme est une rose peu exigeante qui se satisfait du beau pot au feu qui lui est présenté sous forme de désir masculin passionné, surtout s’il est pourvu d’un avenir radieux. L’étincelle a pris feu entre les deux amoureux. L’homme a été séduit par un corps, pas forcément idéal, une personnalité avec ses manques, une femme humaine qu’il divinise à l’image de sa maman tout petit enfant. Au bout de 3 ans de couple, l’homme va être réceptif à une première forme de lucidité. Au contraire, la femme va commencer à vouloir rêver. Après 7 ans de couple, alors qu’il est entièrement engagé, père d’une descendance plus ou moins nombreuse, l’homme percevra parfaitement le pot au feu chez sa femme. Quant à la femme, elle en aura soupé du pot au feu de son mari et voudra rêver à de folles aventures. D’où le nombre de ruptures important après cette période. Si le couple survit à cette délicate situation, il finira par se stabiliser, les tensions liées au pot au feu et à la rose ne disparaissant jamais complètement après le dernier enfant pondu, au gré des aléas pulsionnels et réflexifs de chacun.
Pas de mépris
Il y aurait bien à dire sur les hommes qui en couple, veulent construire une nouvelle concession familiale en Espagne. Hommes et femmes ont leurs petits défauts. Il ne s’agit pas ici pour moi de décourager la jeunesse, mais au contraire de l’aguerrir. J’ai une théorie sur ce point. Le vrai amour est un amour lucide qui connaît les obstacles auquel il s’affronte. Le reste étant appelé frauduleusement « amour », n’est en vérité que niaiserie de puceaux qui feraient bien de demander à leurs parents l’autorisation de s’engager avant toute chose. Lecteur innocent, vous voilà prévenu.
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