Telle est la question qu’une jeune étudiante naïve se pose à l’adresse des hommes dans un article de Rue89 (3). Elle définit le bon porno comme féministe, donc plaisant aux femmes (!). Ainsi, elle ne comprend pas pourquoi les hommes persistent à mater du porno glauque (roulage de pelle, déshabillage, fellation, cunnilingus, missionnaire, amazone, levrette, cuillères… et bien sûr, la fameuse éjaculation faciale), tandis que les femmes sont tellement plus évoluées avec leur « sensualité », leurs corps vrais, leurs scénarios éclectiques.
En vérité, loin de permettre aux femmes et aux hommes de pouvoir se rejoindre, cet article nous montre combien le fossé entre les sexes est abyssal, et combien le féminisme a favorisé l’incompréhension entre nous. A part le thème, j’ai l’impression de lire un article du Reader Digest des années 50. Le traitement précieux et orgueilleux nous somme d’adhérer à la nouvelle morale libératrice. La féminisation du porno, ce serait l’évolution. Les femmes nous apporteraient la lumière, comme d’habitude. Au vu des résultats de l’indifférenciation dans le secteur économique ou dans la famille, au vu des résultats de la libération sexuelle, laissez-moi émettre un doute, et de l’argumenter…
La pornographie et la nature de l’homme.
Tandis que la pulsion sexuelle est un handicap pour l’homme, elle est un pouvoir pour la femme. L’homme subit ses hormones, sa nature, et il tend donc à s’en décharger au plus vite en se masturbant, même si cette pratique ne le libère en rien (1). Au contraire, la femme peut profiter de la nature de l’excitation de l’homme pour le contrôler. Ainsi, la maîtrise des fantasmes de l’homme semble cruciale pour la femme. Il s’agit de l’éduquer à les satisfaire. Tout à l’inverse, l’homme ne sait que faire de son excitation. Elle le gène. Immature, il s’en débarrasse au plus court.
Par nature, le porno donne voie aux pulsions les plus bestiales de l’homme. Seule la réalité peut l’éduquer à des fantasmes plus élaborés, à l’intérieur du mariage. En dehors de ce cadre ou d’un célibat chaste, la sexualité de l’homme prend inévitablement le dessus sur lui et il en devient esclave. Car la multiplicité des partenaires, les désirs désordonnés, le tout-sexuel appelle en lui des désirs encore plus désordonnés et une soumission toujours plus importante à la sexualité.
Le porno est pour lui, une décharge à proprement parlé. Le lieu où il se sait incapable d’accéder au mariage, et où il le refuse même. Il est inutile de vouloir lui faire aimer ses chaînes, cela lui restera à jamais impossible tant qu’il voudra se concevoir libre. Il n’y aura jamais de bon porno pour un homme sain, car il le voudra sale, mauvais, caricatural afin de pouvoir satisfaire ses pulsions les plus basses. D’ailleurs s’il ne veut pas sombrer entièrement dans l’abus, il doit avoir honte de se laisser aller. Seul l’érotisme, qui ne met pas en scène la pénétration, peut à la rigueur nourrir son psychisme. Tandis que le porno c’est la décharge, à l’inverse, l’érotisme, c’est la possible retenue ou la volonté de maîtriser le plaisir dans l’acte sexuel, soit le possible dialogue avec la femme, le pouvoir de la drague, la séduction, la poésie etc… La femme qui n’est pas autant travaillée par ses hormones que l’adolescent mâle a du mal à comprendre tout cela. Pour elle, l’imaginaire sexuel n’est pas si emprunt de chaînes naturelles qu’il ne puisse l’empêcher de réfléchir. L’homme lui, devient sourd à l’appel du rut.
Les dérives naturelles de la pornographie.
Il est effectivement inquiétant de voir que les fantasmes nourris dans le porno sont de plus en plus violents, mais il ne peut en être autrement. L’auteure de Rue89 les aborde de manière superficielle. Voyons de manière plus précise ce que les jeunes garçons, en réaction au pouvoir des femmes, cherchent à salir. Le scénario récurent des pornos en dit long sur la psyché de toute une génération. Et commençons par la fin.
L’éjaculation faciale, c’est l’aboutissement de l’excitation, soit la domination de la femme par la stérilité. L’homme qui pollue le visage de la femme lui signifie deux choses : d’abord qu’il ne lui fera pas d’enfant, et ensuite qu’elle doit l’aimer pour lui-même en dehors de son désir de maternité. L’homme ne veut pas être réduit à un objet et pour ce faire, il imagine de réduire la femme à un objet et de ne jamais entrer dans une quelconque forme de responsabilité par la paternité. L’éjaculation faciale c’est le couple centré sur lui exalté pour son manque de fécondité, un amour faux par la masturbation qui se place en dehors de la vie. L’adolescent moderne a donc peur d’être fécond. Il appréhende la sexualité en tentant de se rassurer sur ses futures relations de couple, en les concevant comme sans conséquence. L’engagement lui apparaît monstrueux. Ses ascendants ont échoué à lui donner un exemple encourageant. Il préfère fuir.
Dans le porno masculin, l’homme rêve de déchaîner un plaisir démesuré chez sa compagne uniquement par sa présence magique et bandante. Il se rêve désirable outre mesure, signe qu’il ne se sent pas en confiance dans sa vie de tous les jours, et qu’il n’a pas espoir d’être aimé. Il souffre de carences affectives importantes et notamment de complexes d’infériorité qu’il cherche à guérir par la mécanique des corps. Ainsi chaque geste des acteurs hommes provoque un plaisir décuplé chez la femme touchée, plaisir facile à donner et aisément reçu. En regardant ces scènes enfin le garçon se sent du pouvoir dans notre société castratrice et sans perspective.
La durée de la pénétration, longue, nous indique que l’adolescent moderne perdu espère encore satisfaire sa partenaire, qu’il est centré sur le désir de ces dames. Il l’envisage comme une performance matérielle à atteindre : plus il sera rentable, plus la femme l’aimera. La société décadente, sa famille misérable, lui ont donc transmis l’image d’un homme robot usinant sa femme tel un ouvrier sur une chaîne de montage. Il conçoit le sexe comme un industriel. Il doit rapporter le foutre à l’utérus comme l’honnête travailleur ramène sa paye au foyer.
L’ambiguïté des images pornographiques.
Ainsi, le porno moderne est traversé d’envolées positives tout autant que négatives : volonté de satisfaire la femme, conception superficielle de ses désirs, mécanique masculine, rentabilité inadaptée au monde des sentiments, travail consciencieux, espoir en l’amour, reprise de confiance, stérilité. Tout s’y mêle en forme d’exutoire. La séquence des gestes, toujours la même, se veut rassurante. Il faut ceci ou cela, pour obtenir tel résultat… Le lesbianisme omniprésent, est l’exaltation d’un plaisir pour le plaisir, forcément stérile, maternel, tout en caresses, sans conséquence. Il est l’idéal de nos volontés immatures de rester enfants et de ne pas être impliqués dans une relation adulte.
Plus inquiétant sont les sexes de femmes qui ressemblent à ceux de petites filles, épilés totalement, sans lèvres. Le poil, c’est la peur du côté animal de la femme. Les lèvres, c’est son pouvoir d’engloutir le sexe. L’excision en Afrique n’est pas pratiquée au hasard. Cette coutume permet tout autant à la femme de dominer le plaisir donné à l’homme, qu’à des hommes fragiles de se rassurer.
Ces plastiques lisses omniprésentes sont donc le résultat de fantasmes d’hommes qui se sentent en position d’infériorité par rapport aux femmes. La fragilité apparente de celles-là leur fait reprendre un peu de contenance. Il est à noter que plus les féministes réussissent à élargir leur domination totalitaire, plus elles développent des complexes chez les petits garçons, qu’ils doivent compenser par des pratiques de plus en plus immatures. Comme je l’ai déjà démontré ailleurs, le féminisme est bien un appel au viol (2).
La pédophilie en arrière plan.
Au comble de la phobie, pour se rassurer, l’adolescent en recherche pourra être attiré par des images de petites filles, effectivement imberbes, sans lèvre mais surtout sans poitrine, ce dernier signe indiquant que l’image négative de la mère aura gagné chez lui. La perversion n’est plus très loin. Tant que l’adolescent fantasmera de pouvoir encore donner du plaisir à un corps d’enfant avec son corps d’adulte, il ne sera que dans la déviance. Quand il constatera que son plaisir fait mal ou est complètement inadapté, mais qu’il continuera à vouloir l’assouvir, il aura sombré dans la perversion. La pornographie ne se contente pas d’évacuer la pulsion, elle peut générer un désir pervers de plus en plus assumé et pire qui peut devenir une norme. La « journaliste » de Rue89 le constate elle-même : J’en ai aussi marre que plein de jeunes femmes subissent des réflexions sur leur physique, qu’on leur dise que leur corps n’est pas « normal » parce qu’elles ne sont pas intégralement épilées et parce que leur sexe ne ressemble pas à celui d’une fille impubère, c’est-à-dire sans petites lèvres qui dépassent. La limite entre le normal et le pathologique s’efface et l’incompréhension grandit.
La réaction à la libération sexuelle de la part des féministes.
Après avoir valorisé la libération sexuelle, nos féministes veulent mener les jeunes garçons dans une direction tout à l’opposée, en prônant un retour à la morale et en le parant des traits de la nouveauté. Disons plutôt qu’elles ont la mémoire courte et qu’elles pourrissent inévitablement tout ce qu’elles touchent par leurs manigances.
Il est inutile d’essayer de vouloir domestiquer les garçons en leur indiquant sur quoi il serait bon de s’astiquer, ou pas. La pornographie dégrade d’autant l’image de la femme qu’elle se pose aujourd’hui en réaction à un totalitarisme féminin. Or en voulant faire fi de ce totalitarisme, les féministes ont accentué un problème qu’elles avaient la prétention de traiter et tandis qu’elles en sont à l’origine. Laissez nos garçons souffler un peu et être éduqués par leurs pères. Votre contrôle totalitaire ne débouche et ne débouchera jamais que sur la perversion et l’inceste.
1 « La masturbation comme contrôle social des garçons », Aimeles du 04/12/2014.
2 « Le féminisme est un appel au viol », Aimeles du 11/12/2013.
3 « J’ai testé le porno féministe, à mille lieues du porno version youporn », Rue89 du 11/10/2015.
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