« C’est la femme qui paie le plus durement les conséquences de la confusion et de la superficialité d’une culture, fruit de cerveaux masculins, d’idéologies masculines qui trompent la femme et l’ébranlent en profondeur en prétendant vouloir en réalité la libérer. » (p108)… Maternité et virginité sont devenues opposées aux valeurs dominantes. La femme, créatrice par excellence, donnant la vie, ne produit pas au sens technique qui est le seul à être valorisé par une société plus masculine que jamais dans son culte de l’efficacité. On la convainc donc qu’on veut la « libérer », « l’émanciper » en l’amenant à se masculiniser, en la rendant ainsi homogène à la culture de production, en la faisant entrer sous le contrôle de la société masculine des techniciens, des vendeurs, des politiciens qui cherchent profit et pouvoir, organisant tout, vendant tout, instrumentalisant tout à leurs fins. » (p114) Cardinal Ratzinger « Entretien sur la foi » avec Vittorio Messori, 1985, Fayard.
Comment nous en sommes arrivés à ce niveau de décomposition sociale ? Dans une société stérile, impuissante, effrayée par son ombre et tyrannique, remonter le fil du temps nous permettra peut-être de nous sortir de notre erreur spirituelle, ou pour le moins de prévenir d’autres de la commettre.
Dans la citation précédente de Joseph Ratzinger, il faut saluer la lucidité du futur Benoît XVI quant à la dévalorisation de la femme par le biais d’une déconsidération sociale de la maternité et de la virginité dans nos environnements dits modernes. Et pourtant, sa propre déclaration montre à quel point les hommes de son temps ont participé à ce mouvement. Accusant les hommes d’avoir voulu convertir les femmes à leurs valeurs (efficacité, engament social et politique), celui qui se veut le défenseur de ces dames, les déresponsabilise entièrement à l’instant même où une majorité de celles-là avaient acquiescé ou initié aux changements sociétaux.
A ce sujet, son analyse causale est contredite en tout point par l’expérience historique : les votes féminins, majoritaires, qui ont orienté toutes les politiques progressistes dans les pays dits libres ont penché vers cette « libération ». Loin d’être irresponsables, les femmes furent à la tête de ce mouvement, régulièrement et à plusieurs moments de l’histoire (bataille pour le droit de vote) comme elles le sont encore. De nos jours, les hommes féministes qui les soutiennent sont relégués au rang de faire-valoir, qui doivent rester distants de ces dames pour ne pas gêner leur progression.
D’autres raisons que la mainmise supposée des hommes sur leurs consciences président donc à l’infériorisation des femmes et à leur apparente masculinisation, des raisons plus profondes et que je me propose d’esquisser dans cet article.
Est-ce la femme qui paie le plus durement le mouvement de libération ?
La question même pose question. Elle semble indiquer une volonté de défendre particulièrement les femmes, comme chez tout homme féministe ou en vérité, n’importe quel homme de notre temps. Les maux qui atteignent les hommes et qui sont pourtant plus nombreux y sont comme infériorisés, si ce ne sont les hommes tout court. N’est-ce pas déjà cela le féminisme ?
Pourtant à son époque, le chômage qui augmentait, était un drame particulièrement cruel pour les hommes, et anecdotique pour les femmes. Les suicides touchaient plus fréquemment les hommes. Et s’il faut parler en tant que victime de la société, les hommes sombraient déjà plus souvent dans la délinquance et la répression qui s’en suivait. Ils se tuaient littéralement à la tâche et la différence d’espérance de vie entre eux et les femmes était proportionnellement plus importante que de nos jours. Etc… toutes ces évidences qui vous sont connues si vous fréquentez le site. Passons.
Admettons que dans l’esprit de Joseph Ratzinger, l’idée de victime « supérieure » s’il s’agit d’une femme, s’entendrait comme relatif à son statut de femme. Ici, la femme aurait plus perdu dans son statut que l’homme dans le sien. La société promouvrait des valeurs masculines qui iraient à l’encontre de l’essence même de la femme, tandis que les hommes seraient bénéficiaires de ces évolutions.
Là encore, si par le passé, les évolutions n’en étaient qu’à un stade embryonnaire, de nos jours, nous pouvons constater clairement que le statut masculin de père n’existe plus du tout dans la loi, ou comme « seconde mère ». L’homme pourvoyeur de fonds et chef de famille a disparu du code civil, exception fait lors d’un divorce où cette fois, il est mis cruellement face à ses responsabilités. L’époux n’a plus aucune prévalence dans son foyer. Il n’est plus qu’un demi-père, un demi-mari, et en somme un demi-homme.
Dans le même instant, je ne vois pas que la femme ait été privée de son statut de mère ou que celui-ci ait été remis en question. Au contraire, au fur et à mesure des évolutions sociétales, cette mère s’est retrouvée omnipotente. L’épouse a pu divorcer comme elle l’entendait, et elle a même gagné la possibilité de tuer ses enfants et de priver son mari des fruits de leur union.
Sous couvert de contestation, le discours de Joseph Ratzinger ressemble donc étrangement à celui du reste de la société qui a déresponsabilisé les femmes (tout en disant vouloir les libérer) pour tenter de s’arroger un pouvoir sur elles en gagnant leur assentiment. Car dans sa manière de penser, les femmes devraient se donner au plus offrant, en l’occurrence ici l’Eglise. Et tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Triste méconnaissance des femmes qui recherchent la force chez les hommes et non d’énièmes carpettes qui en sont encore à se poser la question de savoir si les dites femmes sont responsables de leurs actes/âme, ou pas, et en l’occurrence qui répondent ici par le négatif envers et contre toute l’histoire de l’Eglise.
Et pourtant oui, comme le suggère Joseph Ratzinger, elles ne semblent pas s’être épanouies dans cette nouvelle société si à même de les « libérer ».
La responsabilité des hommes dans ce mouvement
Pas mal d’hommes ont souscrit au mouvement de « libération » de la femme, et l’ont même encouragé. J’ai déjà noté combien les puissants avaient été intéressés à soutenir le féminisme. Ou comment le féminisme pouvait se transmettre de père à fille. Est-ce à dire que les hommes ont été les initiateurs de ce mouvement, qu’ils en sont responsables et que de nos jours, nous constatons une masculinisation de la société ?
Initiateurs, quelques uns l’ont été. Il n’y a qu’à songer à certains révolutionnaires français avides d’égalité entre l’homme et la femme, ou bien à la loi Naquet de 1870 sur le divorce en France. Pourtant ceux-là ne peuvent masquer l’immense engagement féminin en faveur de leur « libération ». Les avorteuses ont agi entre elles, depuis toujours. Elles se sont toujours soutenues entre sœurs dans leurs crimes. Crimes qui ont été protégés par le silence des unes et des autres. Les planning familiaux sont remplis de femmes. Margaret Sanger crée le premier de ceux-là aux USA en 1916 à une époque soit-disant d’oppression de la femme. Idem pour les suffragettes. De nos jours, le nombre de féministes hommes est anecdotique en comparaison de l’engagement féminin pour soutenir cette idéologie.
Mais penchons-nous un peu sur ces hommes féministes. Selon Joseph Ratzinger, les femmes auraient été influencées par la société masculine. Mais les hommes eux, n’auraient-ils pas été influencés par quelque personne de plus d’importance en lieu et place de leur mère ? Voilà l’angle mort de tous les chevaliers maman : leur propre mère. Leur sainte mère, à laquelle ils identifient toutes les femmes et qui leur ferait faire n’importe quoi. Pourtant lorsqu’il s’agit de penser leurs actions et celles d’autres hommes, ne leur vient-il pas à l’esprit que cette femme si importante ait pu orienter leurs pensées. Non…
La masculinisation de la société : un faux semblant
Revenons donc sur le constat de la masculinisation évidente de la société. Car oui, comme le décrit Joseph Ratzinger, la culture technique et de l’efficacité semblent s’être imposées partout, culture masculine s’il en est, et qu’il aurait tort de vouloir mépriser. L’humanité lui doit ses progrès et sa survie. Or, à y regarder de plus près, un mouvement bien différent semble se dessiner. L’accroissement du poids de l’état a permis aux femmes de devenir fonctionnaires et de faire perdurer leurs valeurs dans le travail salarié. Avec le résultat qui nous est désormais connu : la tyrannie et l’inefficacité. Et tout cela sur le dos des hommes vrais créateurs de richesses, grâce à l’impôt. J’entends que des femmes sont efficaces, créent leur propre structure et réussissent dans la vie, si tant est qu’elles ne réussiront jamais tant qu’en devenant maman. Pourtant la très grande majorité des réussites professionnelles sont encore masculines dans un monde où les femmes ont pourtant été favorisées.
Et puis, dès que des femmes investissent un secteur en masse, celui-ci s’effondre. Chez nous, l’hôpital, la justice et l’école sont devenus des poubelles au fur et à mesure qu’ils se féminisaient. Voilà qui n’est pas un hasard. Le travail de mère, pour lequel les femmes sont faites, est antinomique avec le travail salarié, en général. Et comble de l’ironie, les femmes qui réussissent ont eu une mère au foyer et donc un père pour les initier à la vie publique. Autant dire que ce genre de modèle ne risque pas de dépasser une génération tant la réussite professionnelle demande un engagement total.
La masculinisation de la société est donc un leurre. Si effectivement la société en appelle toujours plus à la technique et à l’efficacité masculine dans le secteur privé, ce n’est pas une victoire des hommes. Au contraire, ce mouvement signe leur exploitation jusqu’à l’esclavage puisque ceux-là ne reçoivent de moins en moins les fruits de leur action, fruits qui sont transférés aux femmes par le biais de l’état ou des lois sur le mariage et plus largement des lois parentales. D’ailleurs, ces dépenses sociales et ces contraintes ne cessent d’augmenter dans des pays de plus en plus sécuritaires et où les libertés élémentaires disparaissent une à une (circuler, entreprendre, anonymat etc…), décadents depuis quelques décennies jusqu’à ne plus être capables de produire de nouvelles richesses que par l’imposition sur les générations futures (dette).
Vous comprenez là le dilemme : les valeurs masculines sont toujours plus nécessaires que jamais dans une société qui se fonctionnarise alors que les hommes perdent progressivement en pouvoir. Car parallèlement l’investissement des femmes dans le vote et le travail salarié, se sur-ajoute à leur pouvoir de mère et d’épouse, les rendant omnipotentes pour orienter la décision politique. La société promeut effectivement des valeurs masculines pour nourrir un ogre féminin qui s’auto-détruit.
En un sens, il n’y a pas vraiment de société « masculine ». La société tend toujours à sa propre reproduction et tant qu’elle aura besoin de mères pour ce faire, et qu’elle fantasmera de pouvoir remplacer le père, elle sera femme. En France, « société » est de genre féminin, ce qui n’est pas un hasard. La société, la tribu, la famille sont essentiellement d’occurrence féminine. Le groupe est masculin car il est une réunion d’individus liés par la volonté.
La masculinisation de la société : une jalousie de femme
La femme est par essence « manque ». Plus elle manque, et plus elle est femme. Cependant, pas mal de jeunes filles n’intègrent jamais ce manque surtout dans notre société. Elles deviennent féministes et idéalisent le statut masculin aussi par jalousie. Voilà qui explique la masculinisation superficielle de la société telle que l’entrevoit Joseph Ratzinger. Parce que les femmes veulent devenir comme des hommes.
De telles déviances sont aussi observées chez bien des hommes. Surtout de nos jours, j’en vois un paquet qui se rêvent en mères. A leur décharge, l’ambiance au travail et dans leur famille étant devenue ce qu’elle est, ils n’ont que ça pour se valoriser.
En somme à partir de ce mouvement, plus personne n’est à sa place, ni les hommes, ni les femmes. Les rôles s’inversent dans une jalousie simiesque. La femme omnipotente et qui ne sera jamais rien, déchoit progressivement alors qu’elle court derrière des mirages carriéristes. L’homme féminisé s’aperçoit bien tard qu’il ne sera jamais une mère comme une autre. Reste la féminisation. Car les femmes qui ont des problèmes psychologiques, si elles croient pouvoir jouer aux hommes dans le monde professionnel, ne se comporteront jamais qu’en femmes. Elles voudront des enfants, et s’en occuper. Elles privilégieront des décisions peu risquées et néfastes à long terme surtout si elles travaillent dans de grandes entreprises et dans des secteurs de pointe. D’ailleurs, n’ayant aucune culture du risque, le risque étant à l’exact opposé du travail de mère, elles ne progresseront jamais autant qu’un homme l’aurait fait à leur place.
Aparté : prenons une femme qui a réussi, même selon les féministes : Angela Merkel. Celle-ci par peur de l’incident nucléaire et au nom de l’écologie a pollué toute l’Europe centrale avec ses centrales à charbon et à gaz ; par compassion envers les migrants, elle a favorisé une société multiculturelle source de violences croissantes ; par peur du virus, elle a mis en place une tyrannie ; et toutes ses décisions majeures peuvent être analysées sous ce prisme ; tandis qu’elle a pu bénéficier des réformes de son prédécesseur et apparaître comme efficace.
Refusant la castration (il n’y a qu’à voir les délires féministes concernant le clitoris et sa longueur), elles restent des femmes incomplètes. Or supérieures aux hommes par bien des aspects humains, privilégiées par nombre de chevaliers maman, elles imposeront dans leur milieu professionnel, leurs manières de voir. Voilà pourquoi les valeurs féminine prennent toute la place dans une situation de mixité.
A son époque, Joseph Ratzinger ne pouvait connaître le résultat d’un tel mouvement. Or loin de se masculiniser, la société s’est féminisée, tout en devenant stérile, car les femmes sont devenues, j’insiste, incomplètes à force d’avoir voulu être omnipotentes. Et les hommes ont été privés d’espace dans leur métier.
La poule et l’oeuf
Les hommes qui ont voulu la promiscuité avec les femmes, ou l’égalité si vous voulez, animés d’utopies louables, ont contribué à l’effondrement, tout comme les femmes jalouses des hommes. Ici comme ailleurs, le manque de vraie religion a provoqué un mimétisme destructeur. Le mécanisme de ruche a permis aux femmes d’imposer leurs vues grâce à une solidarité de circonstance et une force morale supérieure, face à des hommes pourtant plus efficaces.
En un sens hommes et femmes ne sont pas spécialement coupables de la débâcle. Nous sommes et nous serons toujours solidaires dans la chute (et dans la réussite). Par contre, ce mouvement de dégénérescence est bien un mouvement de féminisation totalitaire, et celui-là a été enclenché par des hommes trop perméables aux femmes, en compagnie de femmes jalouses des hommes. Voilà les deux catégories sexuées qu’il nous faut combattre, et non un sexe particulier (si ce n’est les combattre en nous).
Sur ce chemin de lutte, nous trouverons peu de femmes pour nous accompagner, tant il est paradoxal pour l’une de celles-là de s’opposer à une sœur. Je l’ai constaté et je le constate encore régulièrement autour de moi. Si j’émets une critique trop prononcée des femmes en compagnie d’une femme, même d’accord avec moi, celle-là s’arrêtera en chemin par peur d’encourager une colère bien masculine et qui la desservirait, le pense-t-elle au plus profond de ses gènes. Ainsi, les hommes sont effectivement responsables en premier lieu de cette féminisation totalitaire, non pas parce qu’ils auraient perverti les femmes, mais parce qu’ils en ont été les victimes dociles, et qu’ils ne peuvent attendre d’une femme d’endosser leurs responsabilités d’homme. En somme, les hommes ne devraient pas attendre des femmes qu’elles se comportent comme leur mère. C’est immature et ridicule au possible. Et puis pourquoi une femme qui par essence a du mal avec les limites, s’en donnerait sans qu’un homme ne les lui impose ?
Joseph Ratzinger conclut son chapitre sur les femmes sur le nécessaire retour du culte marial. Sur ce point, il a raison et il a tort en même temps. Tout d’abord, n’aurait-il pas dû s’interroger sur le retour de ce culte marial juste avant l’effondrement (fin 19ème ou durant Vatican 2). Il y a bien un culte marial malsain et déconnecté de Jésus, qui porte tort à la vraie foi. Un culte marial diabolique vécu comme celui d’une déesse mère et qui aveugle ses pratiquants. Mais il a raison en ce que le vrai culte marial porte en lui une image féconde de femme, source d’inspiration pour tous, hommes et femmes, un culte donc très nécessaire dans notre époque où bien des femmes ont perdu le nord, et où bien des hommes ne savent même plus ce qu’est une femme, s’ils ont jamais su ce qu’était un homme. Pour peu que les catholiques ne résument pas Marie à une mère et nous aurons avancé un peu.
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