Vos corps ne vous appartiennent plus, ou de moins en moins. Ils appartiennent à vos mères desquelles vous aurez de plus en plus de mal à vous détacher. Du coup, pour vous rassurer, il vous faudra tout un tas de signes sur la peau, qui vous protégeront de « l’extérieur », qui vous sécuriseront. Ils vous permettront, le croyez-vous, de vous construire une identité, en fait une identité que vous cherchez.
Malgré toutes les rationalisations que se donnent ses adeptes, tel pourrait être le résumé je crois, de la pratique du tatouage dans notre monde actuel. Dans les tribus traditionnelles polynésiennes, le tatouage marquait le lien avec les ancêtres. Lui-aussi avait pour but de rassurer les individus mais aussi de les fondre dans une communauté hiérarchisée. Cette dernière fonction est moins évidente dans notre société. Les tatoués semblent se reconnaître entre eux et devoir former culture mais à l’exact opposé des tribus maoris, ils sont d’abord issus de la plèbe. Le tatouage marque donc l’appartenance à un groupe certes, mais à un groupe social de blancs pauvres et peu cultivé, en souffrance.
Entre eux, j’imagine que les tatoués se jaugent et se différencient à l’aune des symboles qu’ils se choisissent, des phrases dont ils se marquent la peau et désormais des empreintes sonores qu’ils y laissent :
Cependant, de l’extérieur, cette apparente profusion de sens laisse une étrange apparence d’uniformité : même classe sociale, ils semblent tous se fondre dans des repères psychologiques identiques, culte du corps, superstition, rapport à la mère fort, violence à fleur de peau. Dans notre monde féminisé, le nombre de ces profils est en pleine expansion. Le tatouage tend donc à se voir et à s’afficher comme d’une normalité.
Il n’y a qu’à jeter un œil sur les émissions de téléréalité pour voir combien les candidats y sont de plus en plus tatoués, de plus en plus cultureux. Ils font écho à ces actrices de porno qui elles-aussi paraissent de plus en plus tatouées et pour qui le sexe est une manière de retrouver une maîtrise dans leurs relations (probablement suite à des abus).
Aujourd’hui, il est assez facile de repérer une fille instable à ce qu’elle se désigne elle-même, par des tatouages, vous signifiant ainsi qu’elle est mal dans sa peau, qu’elle a eu une enfance difficile, et que si sur le plan sexuel vous pourriez faire des bonds avec elle, ce sera plus difficile en matière sentimentale.
Des enfants maltraités, des personnes abîmées, des abus, il y en a toujours eu. Ces personnes sont mes semblables. Ce mode d’expression pose un vrai problème à partir du moment où il enferme un individu dans son cri. Or cette manière démonstrative de s’affirmer qui se vit personnellement comme une libération signale au reste du monde un élément pris dans ses propres chaînes, incapable de supporter les règles sociales à cause d’affects débordants. Ce faisant, ce marquage « au fer rouge » freine les possibilités de rédemption mais aussi de mixité sociale.
Tatoué, vous appartenez à la tribu des instables, vous vous identifiez à la tribu des instables, vous ne sortez pas de la tribu des instables. Tribu des instables qui a aussi tendance à être pauvre. Le marginal se revendique alors comme marginal et fier de l’être, par le tatouage, comme l’illustrent à l’extrême les mafias de Yakuzas. Et s’il veut pas porter ce regard négatif sur lui, la société va avoir tendance à le juger comme tel.
Voilà un des jolis résultats de l’idéologie marxisante bourgeoise. En assimilant culture d’élite à culture bourgeoise, elle a poussé les pauvres à refaire culture seuls, à ne plus appartenir au reste de la société en brisant l’unité des aspirations, et à saboter les fragiles mécanismes d’ascenseur social qui avaient été bâtis à force de bon sens. Aujourd’hui, le bourgeois se repaît de la sous-culture du pauvre qui agit en lui de manière ambivalente, sous forme de répulsion attirance. Le bourgeois déteste le rap, il est fasciné par le rap. Pourquoi pense-t-il, les pauvres n’auraient pas le droit de se tatouer ? Mais quand il voit une personne tatouée, il sait très bien ce que cela signifie.
La tribu qui, chez les polynésiens représente l’ultime modèle social, se révèle être chez nous une forme de régression. Le tatoué est celui dont le père a été dévalorisé, ou objectivement, s’est mal comporté. Ainsi, le tatoué en revient-il à une sorte de passé mythifié construit de toute pièce, qu’il s’enfonce dans la peau et qui a pour but de lui donner une généalogie glorieuse, encore liée à la mère mais personnelle, prisonnier qu’il est d’un inceste symbolique. Les croix que se font graver certaines de ces personnes ne sont pas loin de représenter le martyre d’un Christ du vendredi Saint, d’avant la rédemption.
A cette vue, le bourgeois de gauche peut constater sur la peau du pauvre, les stigmates qu’il lui a infligés de manière indirecte en favorisant l’éclatement des familles, en promouvant la libération sexuelle jusqu’à la pédophilie et l’inceste, le brouillage des codes sociaux en général. Ce n’est pas lui, en principal, qui avec son argent, paiera les pots cassés. Au contraire, la sodomisation des classes inférieures sera pour lui l’occasion de conserver ses prérogatives en marquant son territoire, mais surtout, en se payant une bonne conscience face à tant de « pas de chance », tant de faux choix.
Pour lui encore, Dieu sera le méchant exploiteur des consciences des classes laborieuses, tandis qu’il Le rejettera pour cette raison officielle afin d’éviter officieusement d’avoir à se poser de vraies questions. Voilà encore pourquoi l’élite bourgeoise est plutôt de gauche, et pourquoi l’élite populaire est plutôt de droite. L’élite du peuple sait qu’un individu fragile a besoin de repères, d’institutions, et malheureusement de sécurité, ce dernier penchant risquant toujours de faire sombrer le peuple dans une féminisation totalitaire pleine et entière. Cette élite mise donc sur le travail et le talent, dans le pire des cas jusqu’à l’abrutissement ou la singerie du riche. L’élite gauchisante, elle, se contenterait bien d’une fausse liberté, qui s’appelle en vérité pouvoir de faire tout et n’importe quoi, nommée « progressisme », profitant toujours, ne faisant jamais d’efforts intérieurs, parasite d’un monde où elle n’a pas le luxe de pouvoir se regarder dans une glace. L’homophobie violente du pauvre lui paraîtra bien étrange, alors que celle-ci ne sera qu’un réflexe de survie au milieu du délitement provoqué par son idéologie.
Ce clivage s’est encore renforcé par le libre choix des prénoms. Les familles d’antan se seraient bien gardées de donner des dénominations ubuesques à leurs enfants. De toutes les manières, la loi le leur interdisait. Mais depuis les années 90, le verrou légal a sauté en France. Les officiers en charge de l’état civil laissent tout passer à quelques exceptions près (comme « Djihad »…). Les Kévins, Dylans, Océanes, Kimberleys, Jordans, des séries télévisées américaines se sont multipliés sans même que leurs parents ne s’aperçoivent qu’ils marquaient au fer rouge leur progéniture.
Un personnage de roman vous plaît, vous pouvez donner son nom à votre enfant. Vous trouvez un acteur de série mignon, idem. Et ainsi de suite jusqu’à ce que par goût, les « jolis petits prénoms chrétiens » ne soient réservés qu’à des athées soucieux d’être les derniers à sombrer, ou à des familles catholiques vivant sur leur île. Les classes sociales se sont marquées elles-mêmes au fer rouge, mais en plus, le niveau général a eu tendance à diminuer.
Pauvre petit qui voudra sortir de sa condition en portant l’unique prénom de Mohammed ou de Kimberley. Le gauchiste vous répondra que la société n’a qu’à être plus tolérante, tandis que l’intégration sociale dépend expressément de la propension d’un individu à servir les autres, et que ce genre de choix personnel du prénom présagera d’une volonté de n’en faire qu’à sa tête et d’imposer au reste de la société ses repères. Quand bien même ce sera faux, et que ces enfants auront réussi à se libérer des chaînes transmises par leurs parents pour accepter le jeu social, il faut comprendre le préjugé.
Le risque sera évident, tant l’environnement dans lequel nous grandissons nous conditionne, ce que l’idéologie gauchiste érige d’ailleurs en ce moment comme une vérité indépassable. Or la civilisation, en particulier française, ne tolérera jamais les individus qui veulent se servir, sauf contrainte et forcée par une élite profitant de ses prérogatives, et dans ce cas, ce sera une catastrophe nommée corruption des mœurs, népotisme, abus de pouvoir, et à l’extrême, disparition de la France dans le tribalisme, ce qui nous menace actuellement.
En résumé, cet enfant qui n’aura pas un second prénom d’intégration sera normalement rejeté, à cause de parents paumés et trompés par quelques gauchistes avides de préserver leur pouvoir. Il aura été lancé dans la société pour faire plier la civilisation et en revenir à des considérations uniquement familiales, tribales. Et même s’il dépasse ce claustra, la société aura tendance à se protéger de lui. D’où le probable cloisonnement.
L’habillement est en cela significatif d’un autre laisser aller dans notre société. Chacun son jean, tous égaux, avec le même uniforme et le monde se portera mieux. D’un côté, des choix personnels à l’extrême, tatouage, prénom (libéralisme). De l’autre, l’uniforme soit-disant populaire pour tromper la violence (communisme). L’habit du dimanche, le peuple le portait. Et il ressemblait à celui du bourgeois. Tout au moins avait-il une noblesse équivalente, voire supérieure quand on songe à la magnificence des lointains habits traditionnels. Lors du dernier enterrement auquel je me suis rendu, j’ai été frappé de voir que tout le monde ou presque, jeunes vieux, riches pauvres, portait des jeans. Si habit du bourgeois il y a, il est aujourd’hui calqué sur le plus bas qui soit : le bleu de travail du peuple, le jean. Pour trahir le peuple, il faut faire peuple. Ainsi, la dernière conférence à laquelle je me suis retrouvé, remplie de tout ce que la ville avait de plus valeureux en termes de spiritualité, a-t-elle aussi été pour moi l’occasion de faire ce même constat. Hommes comme femmes étaient en jean. Qu’ils aient été catholique n’y changeait rien. Dans la foule, je n’ai aperçu qu’une seule personne qui avec moi, dérogeait à la règle.
Paradoxalement, seul le respect des règles sociales peut faire des personnalités originales. Il faut avoir connu quelques Japonais pour cela. A l’inverse, tous ces gens qui veulent se différencier, sont superficiels et finalement tous d’une banalité affligeante. Personnalités communes, machos, filles de mauvaise vie, carpettes soumises à la société, faux rebelles, voyous frustrés, tous le petit chéri spécial de leur maman, tous identiques, mis facilement à la marge quand ils ne cherchent pas à s’y mettre d’eux-mêmes.
Le vrai problème c’est la féminisation totalitaire. L’habillement, le tatouage, les prénoms, ne sont que des symptômes. Ils sont relatifs à une société qui se tribalise, en choisissant des prénoms par goût sentimental au sein de familles mono éducantes, en autorisant des enfants mal dans leur peau dans ces mêmes « familles » à expurger leur violence en se scarifiant aux yeux de tous, en indifférenciant les habillements par hypocrisie et laisser-aller (faire à l’extérieur comme chez soi, d’où des slogans de type Mac Donald « Venez comme vous êtes » sous entendu manger la même bouffe dégueulasse). Les pauvres petits bébés de leur mamounette ne doivent pas être brusqués. Ils peuvent s’habiller en pyjama le plus longtemps possible, faire ce qu’ils ont envie, comme ils en ont envie, quitte à changer de sexe, sinon ils piquent leur petite crise. Et s’ils souffrent, ce n’est bien entendu, jamais de leur faute, mais celle de la « société ». Par contre, s’ils font souffrir leur maman, ils ne sont pas gentils.
Laisser des individus dans ce genre d’illusions permet de les contrôler. Maltraités, enfermés dans l’inceste, ils chercheront à transmettre leurs souffrances à la génération suivante. Si un père ne sera jamais parfait, son autorité aura au moins le don de donner une issue à toutes ces problématiques (s’il n’est pas lui-même féminisé…).
L’élite gauchisante méprise le peuple en favorisant les destructions familiales. Elle a cru que la disparition des familles profiterait à toute la société. Elle a réinventé la tribu, avec ses relations totalitaires. Le tatouage, les prénoms débiles, et les habits faussement cool, en sont le signe.
Pour aller plus loin :
« 50 tatouages qui lient à jamais les mamans et leur fille », dailygeekshow.com
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