Je croyais que nous avions atteint le comble du sordide quant à cette affaire de fécondation par des morts. C’était sans compter sur l’imagination délirante de notre société qui vient d’unir deux hommes dont l’un est décédé dans un attentat. Jusqu’où les bons sentiments nous mèneront-ils ? Peut-être qu’à la prochaine étape, le « conjoint » survivant demandera d’acheter un ventre de femme pour l’inséminer avec du sperme de son défunt mari et ceci afin de conserver une trace de son passage sur terre. Pour répondre à cette souffrance inadmissible, nous le lui accorderons bien, et plus encore si affinités.
Toujours plus, nous nous reproduisons dans n’importe quelles conditions. Pour échapper à la stérilité qui nous poursuit, les individus de notre société sont autorisés à mettre en œuvre socialement tous les comportements hier jugés délirants. Le moindre désir est valorisé au cas où il resterait un peu de vie en nous après que nous l’ayons subordonné à la machine économique. Cette dernière attire à elle toutes les énergies qui pourraient continuer à la faire tourner, sans se préoccuper des humains qui la composent, car nous la plaçons collectivement au-dessus de tout. Culte du veau d’or.
Dès lors, les bons sentiments dégoulinent de partout. Ils font écho à une immaturité fondamentale de notre société économique dont les adultes qui peuvent procréer, se consacrent pour l’essentiel au travail, tandis que leurs enfants grandissent dans le manque.
Le corsaire Surcouf répondant au capitaine de la Royal Navy qui reprochait aux Français de se battre pour l’argent tandis que les Anglais se battaient pour l’honneur, lui avait répondu que chacun se battait pour ce qui lui manquait. Aujourd’hui, riches, nous en avons jamais assez, et nous nous battons pour nous reproduire dans des conditions toujours plus proches de l’animalité. L’humanité qui nous manque s’entrevoit dans ces hommages sentimentaux d’une République qui honore ses fonctionnaires pour leurs pratiques sexuelles.
Hommage émouvant à Xavier Jugelé par son conjoint par quoi2news
Car notre presse ne célèbre pas le discours présidentiel d’un François Hollande qui essaie tant bien que mal de se placer au-dessus de la mêlée pour pallier les faiblesses de son mandat sur ce point. Elle met en exergue cet homme venu parler de celui avec qui il couchait dans des relations stériles, parce qu’ils étaient des humains « comme les autres ».
La banalité d’une intimité moyenne rencontre dès lors les aspirations de chacun dans la tragédie qui s’est jouée. Le spectateur peut s’identifier à cet amoureux plein d’ambitions professionnelles fauché par le destin dans des circonstances exceptionnelles et qui ne lui auront pas permis d’exprimer son plein potentiel. La pièce de théâtre est admirablement scénarisée et l’histoire que nous nous racontons peut prolonger les erreurs grossières qu’une théologie catholique mal dégrossie nous a transmises.
La victime devient un Christ, non parce qu’elle aurait mis sa vie volontairement en jeu pour en sauver d’autres, mais à cause de la banalité de son vécu sexuel et professionnel. L’image de l’innocent prime sur celle du héros et plus encore sur celle du martyre. Ainsi est-elle un abaissement qui fonctionne parce qu’il correspond à l’état d’esprit de nos concitoyens consommateurs épris de médiocrité.
Plus encore, ceux-là ne voudront pas envisager le lot de souffrances qui accompagne la pratique homosexuelle. Rien de tout cela ne sera évoqué en l’occurrence. Seule une représentation lisse et parfaite surnagera de ce tableau posthume idyllique fait par les principaux journaux. Le mariage se déroulera dans la joie et la sérénité comme n’importe quel mariage (sic), le président de la République et la mairesse de Paris y assistant en toute bonhomie.
Personne n’envisagera non plus toutes les ironies et les contradictions du système à l’occasion. Faut-il rappeler que Xavier Jugelé en bon fonctionnaire de son époque, était fasciné, non par la France, mais par l’étranger, qu’il devait prendre un poste dans les jours à venir à la direction des services judiciaires à l’international, et qu’il avait obtenu ce poste parce qu’il avait travaillé pour Frontex en Grèce en 2015 et 2016 ceci afin de « sécuriser le parcours des réfugiés ». Il n’aura pas été tué par un de ceux à qui il avait facilité le travail pour aborder la France, mais par un de ses prédécesseurs, ceux-là même que des progressistes comme lui auront fait venir par millions sans avoir su les intégrer. Dans son métier, il se plaignait certainement de la racaille tandis que son engagement quotidien favorisait l’éclosion de tels terroristes.
Comme d’habitude, nous ne tirerons pas les leçons des conséquences de nos actes. Nous préférerons continuer à accueillir les clandestins par bateaux entiers, les mettre en concurrence avec les plus pauvres de notre population, puis regretter que certains d’entre eux se refusent de mourir avant d’avoir butté quelque fonctionnaire de ce système inconscient. S’il existe des structures de péché, l’immigration de masse en est une.
Xavier Jugelé était sur ce point emblématique de toute notre société incohérente et immature. Adulé pour son homosexualité, fonctionnaire exemplaire d’un état maçonnique, il sera mort de ses idées politiques sans que nous daignons nous l’avouer. Loin d’être un héros, le hasard cruel aura fait de lui une victime de son engagement, de ses mensonges et de ses arrangements avec la vérité. A son image, nous devrons subir les foudres de ce destin si nous continuons à refuser collectivement de le prendre en compte, en particulier en censurant des publications comme les miennes.
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"Violences à Paris : la plaque commémorative dédiée à Xavier Jugelé dégradée", AFP du 17/03/2019.
"La nouvelle vie de Mathieu, 4 ans, fils des policiers tués à Magnanville", L'Express du 13/06/2017.
Là où se fraye la vie, entre un père et une mère morts, une charge symbolique autrement forte y est contenue.
"Etienne, Gauthier, Xavier et les autres : mariage posthume d’un policier homo, décadence républicaine", RITV du 01/06/2017.
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